Je vous présente ici quelques textes fruits de mon imagination à partir de thèmes qui m'inspirent ou de quelques mots choisis par des proches.

 
 
La roulette...
Un premier texte, écrit en 2019 à partir des mots : caïpirinha, nuisette, roulette, casserole, paon et seigle !
 
 
Dans sa chambre d’hôtel, de palace plus exactement, elle rêvassait, un verre de caïpirinha à la main.
La cinquantaine avait déjà commencé son œuvre : pattes d’oie, amollissement de la taille, libido fluctuante, mais ce soir elle n’en avait cure.
Elle avait mis une charmante nuisette en dentelle bien échancrée d’un rouge sang et son parfum préféré, Opium.
L’homme qu’elle avait rencontrée au casino la nuit d’avant, à la roulette, lui avait plu instantanément. Un hidalgo bien carrossé d’une trentaine d’années, fier comme un paon, et le portefeuille apparemment dégarni après un dernier revers de fortune.
Elle l’attendait ce soir, fébrile, comptant bien le passer à la casserole. C’était son pêché mignon, les hommes bruns, ténébreux, prétentieux, bien plus jeunes qu’elle et nécessairement désargentés.
Lorsqu’il toqua à sa porte, elle affichait son sourire le plus carnassier. Sourire qui s’effaça vite lorsque, s’approchant de son visage pour l’embrasser elle remarqua son haleine infâme et les lambeaux de viande restés accrochés entre ses incisives. Le gueux semblait s’être gavé de pain de seigle et de mauvais pâté avant de venir la rejoindre, comble de la goujaterie.
Sa libido effondrée et la rancœur aux tripes, elle le congédia d’un juron incendiaire. Elle referma sa porte, balança son verre de rage par la fenêtre et avala 2 lexomil. Décidément la chasse était un sport aléatoire.

 

PatF  2019

 

La Fée Carabosse en déroute galactique

 

Voici un petit conte surréaliste écrit à partir de quatre mots en 2017. Bonne découverte !

 

 

Il était une fois, bien loin de notre galaxie, du moins en apparence, une Fée Carabosse qui médisait sur l'ensemble des créatures que son destin lui faisait croiser. Elle aimait à fomenter quelques complots et à monter chacun contre chacune, à moins que ce ne soit l'inverse. Elle avait l’œil aux aguets, cette sacrée Fée, et aimait aussi à chercher à l'aide de son télescope intergalactique, si d'autres vies, d'autres êtres, pouvaient peupler une autre planète. Certainement ces êtres, nécessairement abjects et velus, habitaient des contrées lointaines. Comment aurait-il pu en être autrement ? Toutes les créatures qu'elle côtoyait étaient si méprisables, elle les trouvait toujours laids, stupides et prétentieux. Jamais elle ne pourrait rencontrer des êtres intéressants, même si l'univers lui en apportait un jour la vision et elle en démentait la preuve par avance. Elle nourrissait pourtant le secret espoir de se tromper, en effet, Carabosse au fond n'était pas si démoniaque, la solitude lui pesait parfois, et sa méchanceté n'était , espérons le, que de façade. Un jour, au travers de son optique intergalactique, elle aperçut soudain une forme cylindrique, munie d'antennes paraboliques. Elle n'avait jamais vu de station orbitale auparavant et cette vision la fit frémir d'inquiétude, mais aussi d'excitation. Il y avait certainement là matière à enfourcher son balais à franges intersidérales pour en avoir le cœur net. Elle ne se soucia pas de prévenir ses amis de sa curieuse découverte, n'en ayant aucun à son actif. Quant à ses ennemis, ils s'en seraient gaussée, donc elle s'abstint et enfourcha séant sa ménagère et étrange monture. Au prix de nombreuses embardées et de longues années de navigation, suivant les étoiles et l'image de cet étrange vaisseau qui se rapprochait, elle parvint enfin à proximité de la station. Elle baissa les franges, revêtu son habit d'invisibilité tant bien que mal, et arrima son balais à la station pour regarder à travers les hublots. Ce qu'elle vit à l'intérieur dépassa ses pires craintes refoulées. Les créatures quadrupédiques, engoncées dans des costumes brillants, qui peuplaient la station avaient des têtes monstrueuses cachées sous d'énormes hublots. Ils semblaient cultiver des potions lyophilisées des plus écœurantes, et ne savaient même pas utiliser un balais correctement. Elle rejoint sa galaxie, dépitée, décidément, aucun être acceptable ne la côtoierait jamais.

Moi, Présidente

 

Moi Présidente, c'est une évidence, je suis la perfection...Mesdames élisez moi ! Je serai votre guide vers l'infini et par delà les galaxies. Mon délire n'égalera jamais la médiocrité des faiseurs de soupe lyophilisée, sitôt achetée, sitôt périmée, soyez en assurées. Adieu Walls, nous danserons désormais le tango et le rock. Je promets de célébrer, dès mon couronnement déclaré, les œuvres de Néron, dont je suis la féminine réincarnation. Paris brûlera des mille feux de mes artifices et sur les buchers flamberont en premier lieu les versets de mes détracteurs. Je constituerai ma garde néo-républicaine rapprochée de mes plus ferventes admiratrices. Chacune d'entre elles aura droit à un poutou semi-divin de ma part en récompense de ses dévotions. Le matriarcat sera rétabli et les hommes devront sur notre passage s'incliner en signe de soumission, ou effectuer à titre expiatoire les basses œuvres administratives et d'intendance.

Moi Présidente, j'abolirai la marine, pire abomination qu'ait produit l'institution militaire. A l'heure de faire un choix historique, sachez que mon premier chantier sera celui de l'éducation et de la culture. Ainsi je supprimerai l'école de la docilité obligatoire au profit d'un développement des dons et talents de chacune...et chacun puisqu'il faudra bien maintenir en état intellectuel et physique satisfaisant les futurs géniteurs de nos descendantes. Je chanterai ou déclamerai régulièrement, à toutes faims utiles, sur toutes les chaînes que j'aurais autorisées, des odes à la féminité.

Moi Présidente, mon programme de lutte sera mené sur tous les fronts : les frontons des bâtiments publics seront pavoisés aux couleurs de l'arc-en-ciel, les centrales nucléaires repeintes en vertes prairies, les rafales revendus un euro symbolique aux migrants... Le mot d’ordre sera l'impunité zéro pour les escrocs politiques antérieurs qui se dirons « fuyons »... ou regretterons de ne pas l'avoir fait...Les caïmans sont plus cléments que les geôles qui les attendent...

Moi Présidente, je vous propose un futur désirable, à mon image…je veux faire battre le cœur de la France, mon ego en dépend, nulle défection élective ne pourra être tolérée. Le temps est venu de mettre fin à des siècles de mensonges, d'humiliations, d'absurdités, la force du peuple est là, dans vos mains, par ce petit bulletin...

Moi Présidente, j'instituerai l'Utopie du délire pour mon seul profit, n'en doutez pas...Votez pour moi !