Ode à la cure

 

 

Alors que je trempe dans cette baignoire au gré des remous capricieux de buses

asthmatiques

Je me plais à imaginer une mélodie où les mots et les harmonies se mélangent,

onirique

J'entrevois en pensée acoustique tout un enchevêtrement de tierces, de quintes

chevauchant

Les vagues de la bassine à hauts bords où captive des flots, je patiente en

t'attendant

La libération est proche, j'entends déjà l'adjudante chef s'impatientant contre les

retardataires

Dont je suis forcément, puisque ce bain est propice à mon assoupissement et je suis

réfractaire

A ces injonctions d'aller encore plus vite mais toujours en silence, pas un bruit ne doit

transpirer

La musique n'est pas bruit dans mes songes, elle est chevauchée fantastique, rires, pleurs,

complicité

La musique est une femme libre qui sourit lorsqu'elle me voit étendue là, presque nue dans ce

bain

Je lui souris en pensée rétrograde, elle prend forme dans ce qui me sert de réceptacle à

chagrin

Ou de merveilleuse boite à rire, à aimer ou à divaguer elle prend du volume, du corps,

des seins

Ses ondulations forment une chevelure foisonnante, prétentieuse même tant les chœurs se

multiplient

Elles se répandent, au fil des vagues de la mer déchaînée où je trempe toujours malgré ces

cris

De l'adjudante chef qui maintenant m'ordonne de sortir alors que les vagues persistent à

affluer

Pourtant quand les flots rugissant s'interrompent, stoppant brutalement mes musicales

logorrhées

Je m’exécute et m'extirpe, corps et esprit perdus encore dans mes divagations, de ce récipient

bleu

Pour suivre mon destin thermal de curiste ordinaire, des chimères mélodiques je suis à mille

lieues

 

PatF                                                                               août 2016

Ode aux gens bons

 

 

Le wagon poursuit sa course interminable, il cahote en chemin,

s'arrête on ne sait trop pourquoi alors que tout semble aller bien

peut-être stoppe-t-il pour nous laisser entrevoir les autres destins

qui s'offriraient à nous si nous regardions là bas un peu plus loin

 

Il redémarre soudain, tout est si joli là-dehors : le soleil, les champs,

La chaleur d'un septembre en terrasse, sirotant un café à Toulouse

l'amitié qui jaillit et éveille en mon cœur de si doux chuchotements

elle existe cette aventure humaine hors des cris, loin des blouses

 

Les passagers échangent un regard de connivence, esquissent un sourire

ensemble le voyage passe si vite, pourquoi poursuivre seul après tout

le voyage s'égaie maintenant, les conversations prêtent à éclats de rire

la futilité devient essentielle, le luxe d'une halte inopinée, un indispensable atout

 

Voilà comment se déroule le voyage, supportons donc les grèves des cheminots du ciel,

malgré les imperfections, les travaux en cours sur les rails, l'inconfort du wagon,

je crois que la joie, la sincérité et l'amour de cette route imprévisible sont le miel

de la vie qui nous portent plus loin, partageons ce sandwich aux gens bons…

 

Pour Najet, une âme sœur magnifique, partie rejoindre les Etoiles

 

 

Ange et démons

 

Pardonne moi mon ange si mon amour t’encombre

Je me suis élevée si haut vers l’azur de tant de légèreté

Que mes ailes en tombant dans l’eau se sont éparpillées

Renaissance des rires que j’implore en silence dans l’ombre

Ces pensées qui m’assaillent creusent du chagrin le sillon

Chaque effort me coûte tant pour quitter ces ornières

Trouve en toi la sagesse et la force de la compréhension

La clé d’un ensemble meilleur deux voix vers la lumière

Je m’attelle au labour d’un esprit insondable

Le temps peut être allié, ou ennemi redoutable

Puise en moi cet amour pour baigner ton bonheur

Chéris moi de ta bouche, de ton cœur n’aies pas peur

Des démons qui sommeillent en moi comme en chacun

Ils seront terrassés si leurs regards croisent le tien